Il n’y a aucune raison de séparer les émotions positives des négatives (et donc de craindre et de supprimer les émotions dites « négatives », comme on appelle souvent la colère). La vie est faite de sentiments mêlés et ambivalents et les émotions sont autant de messagers au service de la vie.
On peut être à la fois triste et soulagé à la mort d’un être cher qui a eu une longue et douloureuse maladie ou parce qu’un voleur peut ressentir à la fois de l’émotion et de la culpabilité.
Ainsi, nous comprenons que la colère est aussi une émotion humaine normale faite d’ambivalence. Lorsqu’elle n’est pas exprimée, la colèr peut conduire à la violence (contre soi ou contre les autres) mais il est important de garder à l’esprit que c’est avant tout l’émotion qui permet de se défendre contre l’impuissance, d’affirmer ses limites personnelles et d’obtenir la rébellion contre le manque de le respect, qui pousse à s’unir pour faire face aux maux communs.
La colère s’accompagne souvent d’autres émotions : si un parent fâché contre son fils qui a traversé la rue sans regarder essaie de comprendre ce que cache cette colère, il se rendra compte que c’est probablement la peur pour la vie de l’enfant qui en est la cause. cause de colère.
Manifestation de la colère
La colère est un message de besoin que le corps nous envoie, mais que nous ne savons pas déchiffrer. Parfois, cela nous fait faire et dire des choses que nous regrettons plus tard parce que les circuits émotionnels contournent le cerveau pensant. Le filtre qui permet des actes socialement acceptables et acceptés n’existe plus.
Cependant, l’émotion de la colère est différente de l’expression de la colère. Le problème n’est jamais l’émotion de la colère en soi, mais la façon dont la colère se manifeste.
Une émotion est de l’ordre du réflexe physiologique : elle traverse le corps et se déclenche involontairement. La colère a plusieurs dimensions :
- les sensations physiques (ex : cœur qui bat plus vite, gorge serrée, visage rouge, mouvement qui invite au recul…),
- l’intensité de l’émotion (agacement, dégoût, excès, rage…),
- les pensées (ex : il le fait exprès, il me prend pour un imbécile…)
- tendances en action (ex : vouloir frapper, casser, insulter…).
L’expression colère peut englober différentes manifestations : colère constructive ou destructrice, intériorisée/réprimée ou explosive, rancunière (retirée mais ruminée). La colère explosive n’est pas un problème qui ne se produit qu’une fois dans une vie (tant qu’il y a une excuse pour blesser les gens, une réflexion sur soi et un engagement à ne plus se reproduire), mais la récidive est un vrai problème. relations interpersonnelles ainsi que dans la santé personnelle (somatisations, rêveries mentales, etc.).
Tout le thème de ce billet de blog est là : montrer la différence entre la colère et la violence et comment gérer la colère avant qu’elle ne se transforme en violence (par exemple, crier, casser des objets, insulter, frapper…). En revanche, se protéger des violents est une priorité et apprendre à maîtriser sa colère pour s’affirmer et se défendre sans recourir à la violence est un must.
Les bienfaits de la colère chez l’adulte
Il ne faut pas craindre la colère, moteur du changement et de l’indignation
Nous avons parfaitement le droit d’être en colère. La colère est à l’origine de soulèvements contre l’oppression, l’injustice, le manque de reconnaissance, contre toute forme de mépris social ou de déni de la personne, d’atteinte à la dignité humaine.
Nous avons tendance à croire que la colère est une émotion qui ne devrait pas exister. Pourtant, c’est une émotion utile car c’est l’émotion de la réparation de la plénitude et du changement (personnel ou collectif). Elle est notamment le moteur du changement social.
Eva Illouz, sociologue et auteure du livre Happycracy, dénonce qu’effacer les émotions dites négatives (tristesse, peur, jalousie, honte et surtout colère) nie le caractère politique et la fonction sociale de ces émotions encore utiles.
En effet, toute émotion fournit des informations essentielles sur la manière dont l’individu doit construire son histoire de vie, sa manière de nouer des relations, d’évoluer dans son environnement social, de persévérer, de profiter ou non de son opportunité, d’affronter les défis. Toute émotion fournit également des informations précieuses sur ce qui pousse les individus et les groupes à agir, à s’unir, à se mobiliser. -Eva Illouz
La colère est souvent une deuxième émotion à décoder
Nous avons vu que la colère est une réaction saine à l’injustice, à l’impuissance, à l’échec, à la frustration, à l’inertie. C’est l’émotion qui répare en cas d’échec ou de duel et pousse à agir pour plus de justice. Parfois, la colère est comme une deuxième émotion parce qu’elle est induite par la peur (comme lorsque vous êtes contrarié après que quelqu’un ait grillé un feu rouge).
Dans son livre Effective Parenting, Thomas Gordon souligne ce point : La colère des parents envers les enfants est souvent une seconde réaction.
Je conduis ma voiture sur la route principale : soudain, un autre conducteur me coupe la route en voulant me doubler et me percute dangereusement. Ma première réaction est la PEUR : son comportement m’a fait peur. Suite au froid que cela m’a donné, quelques secondes plus tard, je klaxonne et « me comporte comme une personne en colère » ; Je lui ai même crié : « Idiot, va apprendre à conduire! » ». La raison de mon comportement colérique est de punir l’autre conducteur ou de le faire se sentir coupable de m’avoir fait peur, afin qu’il ne recommence pas.
Cet exemple amène à une réflexion sur les concepts du premier message et du second message : la première émotion ressentie est la peur, mais elle est rapidement remplacée par la colère. Toute difficulté est :
- identifier la première émotion à l’origine de la colère (la peur en général mais aussi des états comme le découragement, l’anxiété, la fatigue, le stress ou l’impuissance),
- l’exprimer sans chercher à culpabiliser ou à moraliser l’enfant.
Pour éviter au maximum les messages de colère, on pourrait essayer d’identifier le premier sentiment avant cette colère. Cela nous permettra d’exprimer nos sentiments authentiques au lieu de provoquer des réactions de colère sur nos enfants.
Apprenez à apprivoiser l’émotion de la colère.
Même à l’âge adulte, on peut apprendre à apprivoiser l’émotion de la colère en la décodant en termes de sensations physiques, de mots qui reflètent l’intensité de l’émotion, de pensées à recentrer, et d’un biais d’action à canaliser vers des actions constructives (pour satisfaire des besoins). ou ceux des autres, au lieu de l’agressivité). En effet, de nombreux adultes ont appris des comportements dysfonctionnels (colère explosive qui se confond avec la violence, colère refoulée pouvant mener à la dépression, ressentiment, ressentiment, désir de vengeance, etc.).
Il est possible d’exprimer sa colère sans attaquer ni porter atteinte à la dignité des personnes en décrivant les injustices avec fermeté et indignation, en parlant de ce qui se passe à l’intérieur de nous (sensations physiques, intensité des émotions, besoins insatisfaits). Avec les enfants, il est possible d’exprimer NOS LIMITATIONS PERSONNELLES au lieu de LIMITATIONS en prenant la responsabilité de nos besoins et de nos émotions.
De plus, les personnes souffrant de colère dévastatrice peuvent commencer à travailler sur la régulation émotionnelle en apprenant des techniques pour réduire les effets de situations stressantes telles que :
– sortir physiquement de la pièce – apprendre des techniques de respiration – parler froidement du problème après s’être préparé et s’être entraîné à formuler quoi dire – apprendre le langage des émotions (affirmer dans le message que j’ai ressenti des émotions et des besoins insatisfaits), – travailler sur l’intention donnée à l’autre, décrypter ses bonnes raisons de le faire.
Chez les enfants
la colère n’est pas un caprice
Quand on voit un enfant en colère, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est capricieux ou qu’il prend ses parents par le nez, que les parents laissent tout aller et qu’ils ne savent pas se faire respecter. On a tendance à penser que si c’était nous, ce ne serait pas comme ça… Pour la plupart des adultes, la colère des enfants est perçue comme capricieuse et provoque même de la violence.
Quand un enfant ne peut pas obtenir ce qu’il veut, il sera en colère parce que sa colère nous permet d’accepter la frustration et de réparer l’intégrité. Bien que les parents puissent être exaspérés lorsque l’enfant se met en colère malgré leurs explications, il s’agit d’une étape nécessaire et normale du deuil (d’autant que les explications invoquent pour la raison qu’elle est non seulement inaccessible en cas de tempête émotionnelle, mais aussi moins développée en enfants). que chez les adultes).
Le processus d’acceptation par un enfant qu’il n’aura pas ce qu’il veut passe par la colère!
La colère n’est pas un caprice : c’est une réaction normale au chagrin, amplifiée par l’immaturité du cerveau des enfants.
La colère est l’expression d’un besoin inconnu, c’est une demande à l’autre pour rétablir le lien, une protestation contre l’intolérable, une défense de l’intégrité, de la personnalité, la colère donne la force de dire non et de ressentir!
Les dangers des adultes réprimant la colère des enfants
Lorsque les adultes ignorent les enfants en colère (« Arrête de faire des crises de colère », « Calme-toi dans ta chambre », « Ne pleure pas », « Je ne veux pas te voir quand tu agis comme ça »), ils ratent des occasions de façonner positivement son cerveau C’est rassurant pour un enfant de savoir qu’un adulte peut calmer et rassurer cet ouragan qui secoue son corps, son cœur et son cerveau. C’est en revanche terrifier pour qu’il voie son père s’éloigner alors qu’il souffre.
De plus, un enfant en colère qui reçoit un malentendu, un rejet ou un déni de ses émotions finit par se sentir bouleversé, qu’il ne mérite pas d’amour ou d’aide. Son estime de soi s’affaiblit.
C’est toujours aux adultes de renouer avec les enfants : les adultes ont la responsabilité de la relation parent/enfant car ce sont eux qui ont le cerveau le plus développé… et qui serviront de « cerveau extérieur » aux enfants pour aider les leurs à mûrir
Soit dit en passant, la colère est un mécanisme de défense. Ainsi, un enfant isolé de la colère risque de ne pas savoir se défendre contre les abus.
De plus, punir un enfant qui est au milieu d’une tempête émotionnelle, c’est fournir un modèle de violence pour répondre à la frustration. Les enfants apprennent alors que les relations de pouvoir en faveur des plus aptes sont un moyen efficace de gérer une relation, plutôt que la compréhension et la gentillesse. D’autant plus que l’impact du stress sur le cerveau de l’enfant et le manque de pouvoir personnel sont à l’origine des comportements antisociaux.
Si les parents crient après l’enfant, l’enfant a peur d’être abandonné, peur de perdre le lien pour toujours, alors il va probablement arrêter de pleurer tout de suite. Pourtant, ce n’est pas un signe de bonne santé mentale, mais plutôt de s’isoler.
Une possibilité après le refoulement émotionnel est que l’enfant choisisse de pleurer en silence : l’angoisse est toujours là mais elle est invisible aux yeux de son entourage (qui de toute façon ne veut pas la voir…). Cependant, lorsqu’un enfant est en deuil, le niveau de cortisol (hormone du stress) peut atteindre une limite toxique dans son organisme.
Accueillir la colère des enfants
Lorsque la détresse d’un enfant n’est ni exprimée ni entendue, l’enfant est submergé par ses émotions et ses fonctions cognitives supérieures sont arrêtées. Il n’est donc pas nécessaire de raisonner l’enfant ou de lui demander comment il se sent. La seule chose que nous puissions faire est de l’accompagner dans l’évacuation ou la décharge de ses émotions.
Pour ne pas laisser la colère nous envahir alors que nous préférons accueillir la colère des enfants, nous avons un long et difficile travail pour sortir du déni de notre propre enfance, remettre en cause les abus (ceux que nous recevons, ceux qui sont socialement acceptés, celle que nous infligeons à nos enfants). Une fois ce défi relevé, il reste à apprendre de nouvelles façons de parler, de communiquer et d’accompagner nos enfants.
N’ayant pas appris le langage des émotions et de l’empathie dans notre enfance, nous avons un gros travail de déconditionnement et de réhabilitation à faire.
Je vous propose quelques pistes pour accueillir la colère des enfants :
1. Aidez l’enfant à nommer son émotion.
« Wow, on dirait que tu es vraiment en colère ! » / « C’est dur pour toi, tu es frustrée parce que tu ne voulais pas partir ! » / « Tu es tellement en colère contre ta sœur que tu détestes quand elle le fait ce! » »
2. Faire preuve d’empathie et de respect pour les sentiments de l’enfant
« X. a fait ça et t’a énervé parce que tu voulais… C’est vrai qu’il est énervant quand… je pense que j’aurais été énervé pour toi aussi »
« J’ai l’impression que tu es passé de l’orange au rouge en ce moment. Tu veux exploser et crier, j’en ai envie. »
« Je dirais que ta colère est de moins 8 sur 10 ou peut-être même 9, n’est-ce pas? » »
3. Offrez une présence empathique au lieu de la séparation
L’isolement forcé pour que l’enfant « se calme et réfléchisse » est inefficace et préjudiciable à son développement affectif. Il est possible de proposer à l’enfant de se retirer de la vue en l’accompagnant sans le juger. A la maison ou en classe, il est possible d’aménager un coin tranquille où l’enfant trouvera des ressources pour « descendre » et revenir au vert (par exemple, couette, papier et crayons pour attirer la colère, pailles pour souffler, pétrir une balle anti-stress…). Il est possible de lui demander s’il lui convient d’entrer dans cet espace et de revenir au calme (seul ou accompagné) sans insister s’il refuse.
4. Montrez quelques exercices de respiration.
Le but des exercices de respiration est d’éviter que la colère ne se transforme en violence : « Je sens que ta colère est si grande qu’elle va éclater comme un volcan et emporter tout sur son passage. Allez, respirons pour réduire la colère.